Bing ? Boum ? Chhhhhrank ?
C’est ça le son d’un coup de foudre ?
Dans le cas de ces deux là, entendez plutôt
quelques notes égrenées au piano à quatre mains :
Écoutez bien... Schubert… oui pas de doute,
c’est Schubert. Quelle classe !
Claudine et ce cul-terreux de JF - Mariage morvandiau - 18 Octobre 1975
Danse villageoise - Gravure de Albrecht Dürer - 1514
À en croire la spécialiste de Shakespeare Rebecca Nothe,
il existerait une version de Roméo et Juliette
où les familles Capulet et Montaigu sont amies,
mais où leurs enfants ne s'apprécient guère.
L'histoire, bien que moins intéressante, finit mieux.
: Contos aquosos - Jaime Montestrela
Je m'éveillais, c'était la maison natale,
Il pleuvait doucement dans toutes les salles,
J'allais d'une à une autre, regardant
L'eau qui étincelait sur les miroirs
Amoncelés partout, certains brisés ou même
Poussés entre les meubles et les murs.
C'était de ces reflets que, parfois, un visage
Se dégageait, riant, d'une douceur
De plus et autrement que ce qu'est le monde.
Et je touchais, hésitant, dans l'image,
Les mèches désordonnées de la déesse,
Je découvrais sous le voile de l'eau
Son front triste et distrait de petite fille.
Étonnement entre être et ne pas être,
Main qui hésite à toucher la buée,
Puis j'écoutais le rire s'éloigner
Dans les couloir de la maison déserte.
Ici rie qu'à jamais le bien du rêve,
La main tendue qui ne traverse pas
L'eau rapide où s'efface le souvenir.
: La maison natale - Yves Bonnefoy
Hermione et Héloïse, puis Héloïse et Hermione - 2025
La jungle selon José Gamarra (Uruguay).
: : : ... renvoyer le silence
à l’une ou l’autre errance/
écouter/ carcéral/
hurler le littoral
sous les vents fous d’amour/
refuser le sommeil
pour rêver de plus belle
sur des noms de pays
aux syllabes plus charnelles
que la chair périssable/
s’il est vrai que les pierres/
les places et les chemins
ne tressaillent ni ne parlent/
du moins ils nous survivent
forts de leur sang immobile/
les choses sont fertiles
et les jardins profanes
couvent des incendies
à damner les étoiles/
à évincer l’oubli/
je n’ai de nostalgie
que ce qui va venir/
l’éblouissement/ sans doute.
: : :
Paroles pour solder la mer
Édouard J. Maunick
Daphnée, 2015 puis 2006
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
: L'Albatros Charles Baudelaire - 1857
Christiane, 1950 puis 1931
Christiane et Claude, 1949
Christiane, 2006, 2022 puis 2023
David-Kockney - My mother - 1988
: La vieillesse est une voyageuse de nuit :
la terre lui est cachée ;
elle ne découvre plus que le ciel.
: Vie de Rancé, Chateaubriand
Cycliste par Miguel Barcelo
Mauricette, place du marché à Bonneville - 1960
Daniel et Lucie Lemercier - 1930
Die Mädchen von Olmo-II par Georg Baselitz - 1981
Sur le quai de la gare de Bonneville,
avec Mme Colomb, Bob et... - 1961
: : : je ne pouvais plus ignorer ma double imposture :
je feignais d'être un acteur feignant d'être un héros.
À peine eus-je commencé d'écrire, je posai ma plume pour jubiler.
L'imposture était la même mais j'ai dit que je tenais les mots
pour la quintessence des choses.
Rien ne me troublait plus que de voir mes pattes de mouche
échanger peu à peu leur luisance de feux follets
contre la terne consistance de la matière : c'était la réalisation de l'imaginaire.
: : : Les Mots (1964)
Jean-Paul Sartre
Mary Cassatt, Two Baby sisters hug each other - 1870
Claire et Anne - 1981, puis Anne et Claire - 2006
Claire - 2014
Rembrandt - Autoportrait riant - 1628
Exposition au Palais de Tokyo, 2018, On Air - Tomas Saraceno
: Pallas, qu'irrite le succès de sa rivale Arachné, déchire la toile,
où sont si bien représentées les faiblesses des dieux ;
et de la navette que tient encore sa main, elle attaque Arachné,
et trois fois la frappe au visage. L'infortunée ne peut endurer cet affront ;
dans son désespoir, elle court, se suspend, et cherche à s'étrangler.
Pallas, légèrement émue, et la soutenant en l'air :
« Vis, lui dit-elle, malheureuse ! vis : mais néanmoins sois toujours suspendue.
N'espère pas que ton sort puisse changer. Tu transmettras
d'âge en âge ton châtiment à la postérité ».
Ovide, Les Métamorphoses, VI, 7-145
Cet inspiré de JF nous a concocté deux araignées
qui se balance paisiblement sous les châteigners du jardin.
Il y a de la vie dans le jardin des Crouteaux
« L’un d’nous est mort,
et mort joyeux
En s’écriant: tout est au mieux!
Voilà ma tombe toute préparée
Dans la tranchée.»
: : :
Rosalie, chanson
: : :
Théodore Botrel
: : :
(1868-1925)
1917 - La première ligne aquarelle de Jules Pinasseau
1916 - Tombe de trente "boches" en Somme - Aquarelle de Jules Pinasseau
Der Krieg (La guerre),
Triptyque réalisé entre 1929 et 1932 par Otto Dix
Pendant le blanc et nocturne novembre
Alors que les arbres déchiquetés par l’artillerie
Vieillissaient encore sous la neige
Et semblaient à peine des chevaux de frise
Entourés de vagues de fils de fer
Mon cœur renaissait comme un arbre au printemps
Un arbre fruitier sur lequel s’épanouissent
Les fleurs de l’amour
Pendant le blanc et nocturne novembre
Tandis que chantaient épouvantablement les obus
Et que les fleurs mortes de la terre exhalaient
Leurs mortelles odeurs
Moi je décrivais tous les jours mon amour à Madeleine
La neige met de pâles fleurs sur les arbres
Et toisonne d’hermine les chevaux de frise
Que l’on voit partout
Abandonnés et sinistres
Chevaux muets
Non chevaux barbes mais barbelés
Et je les anime tout soudain
En troupeau de jolis chevaux pies
Qui vont vers toi comme de blanches vagues
Sur la Méditerranée
Et t’apportent mon amour
Roselys ô panthère ô colombes étoile bleue
Ô Madeleine
Je t’aime avec délices
Si je songe à tes yeux je songe aux sources fraîches
Si je pense à ta bouche les roses m’apparaissent
Si je songe à tes seins le Paraclet descend
Ô double colombe de ta poitrine
Et vient délier ma langue de poète
Pour te redire
Je t’aime
Ton visage est un bouquet de fleurs
Aujourd’hui je te vois non Panthère
Mais Toutefleur
Et je te respire ô ma Toutefleur
Tous les lys montent en toi comme des cantiques d’amour et d’allégresse
Et ces chants qui s’envolent vers toi
M’emportent à ton côté
Dans ton bel Orient où les lys
Se changent en palmiers qui de leurs belles mains
Me font signe de venir
La fusée s’épanouit fleur nocturne
Quand il fait noir
Et elle retombe comme une pluie de larmes amoureuses
De larmes heureuses que la joie fait couler
Et je t’aime comme tu m’aimes
Madeleine
: Guillaume Apollinaire
: Poème à Madeleine, 18 novembre 1915
Le Minotaure Dessin de Picasso
Quelle chimère est-ce donc que l'homme ?
quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos,
quel sujet de contradictions, quel prodige ?
Juge de toutes choses, imbécile ver de terre,
dépositaire du vrai, cloaque d'incertitude et d'erreur,
gloire et rebut de l'univers.
Qui démêlera cet embrouillement ?
: : : Blaise Pascal
: : : Pensées 131-434
Bellérophon terrassant la chimère.
Mosaïque romaine du IIe siècle ap. J.C. découverte en 1830
à Autun et conservée au musée Rolin.
: Bellérophon, grace à la bride en or que lui donna Athena, réussit à dompter Pégase.
Il partit ensuite combattre et tuer la Chimère.
CHRYSALE
De ces chimères-là vous devez vous défaire.
BÉLISE
Ah chimères! Ce sont des chimères, dit-on !
Chimères, moi ! Vraiment chimères est fort bon !
Je me réjouis fort de chimères, mes frères,
Et je ne savais pas que j'eusse des chimères.
Les Femmes Savantes, Molière
Silène buvant sur son âne
Mantoue, Palais du té.
Avec Raymonde et Raymond Pinasseau
Bonneville, la maison du Canada - 1956
Bonneville, été 1955
Livres sur l'étagère - Anne Cheriez - 2020
Les spectacles du théâtre me ravissaient :
ils étaient pleins des images de mes misères et des substances
où j’alimentais le feu qui me dévorait.
Pourquoi l’homme veut-il s’affliger en contemplant des aventures
tragiques et lamentables, qu’il ne voudrait pas lui-même souffrir ?
Et cependant, spectateur, il veut de ce spectacle ressentir l’affliction,
et en cette affliction consiste son plaisir.
Qu’est-ce là, sinon une pitoyable folie ?
Car nous sommes d’autant plus émus que nous sommes moins
guéris de ces passions.
Quand on souffre soi-même, on nomme ordinairement cela misère,
et quand on partage les souffrances d’autrui, pitié.
Mais quelle est cette pitié inspirée par les fictions de la scène ?
: : : Saint Augustin
Claudine - janvier 2006
Puis Camille Maurane à Jouy-en-Josas (1980..?)
Candice au Macval - février 2009
Liliane à la Vilette - Juin 2024
: : : Paroles de Cohélet, fils de David, roi de Jérusalem.
Vanité des vanités — disait Cohélet — vanité des vanités, tout est vanité !
Quel profit l’homme retire-t-il des peines qu’il se donne sous le soleil ?
Une génération s’en va ; une génération lui succède ;
la terre cependant reste à sa place.
Le soleil se lève ; le soleil se couche ;
puis il regagne en hâte le point où il doit se lever de nouveau.
Tantôt soufflant vers le sud, ensuite passant au nord, le vent tourne,
tourne sans cesse, et revient éternellement sur les cercles qu’il a déjà tracés.
Tous les fleuves se jettent dans la mer, et la mer ne regorge pas,
et les fleuves reviennent au lieu d’où ils coulent pour couler encore.
Tout est difficile à expliquer ; l’homme ne peut rendre compte de rien ;
l’œil ne se rassasie pas à force de voir ;
l’oreille ne se remplit pas à force d’entendre.
Ce qui a été ? C'est ce qui sera plus tard.
ce qui est arrivé arrivera encore.
Il n'y a rien de nouveau sous le soleil,
et nul ne peut dire : Voici une chose nouvelle ;
car elle a déjà existé dans les siècles qui nous ont précédés.
On ne se souvient pas des choses anciennes,
et ce qui arrivera dans la suite ne laissera pas
non plus de souvenir chez ceux qui vivront plus tard.
: : : Paroles de l'Écclésiaste
Rhinocéros à Avallon - Octobre 2012
Hermès inconnu qui m’assistes
Et qui toujours m’intimidas,
Tu me rends l’égal de Midas,
Le plus triste des alchimistes ;
Par toi je change l’or en fer
Et le paradis en enfer ;
Dans le suaire des nuages
Je découvre un cadavre cher,
Et sur les célestes rivages
Je bâtis de grands sarcophages.
Alchimie de la douleur - Baudelaire
Maisons à Pont-Aven par Paul Beat - 1932
Paul Béat (1874-1945)
Picnic aux environs de Lille
1932 - Bob, les Lebleu et les Béat (Robert Béat et Madeleine Béat-Chauleur)
: : Mme de Clèves, dont l’esprit avait été si agité,
tomba dans une maladie violente sitôt qu’elle fut arrivé chez elle.
On apprit à la cour qu’elle était hors de cet extrême péril où elle avait été ;
mais elle demeura dans une maladie de langueur qui ne laissait guère
d’espoir de vie.
Cette vue si longue et si prochaine de la mort fit paraître à Mme de Clèves
les choses de cette vie de cet œil si différent dont on les voit dans la santé.
La nécessité de mourir, dont elle se voyait si proche, l’accoutuma à se
détacher de toutes choses, et la longueur de sa maladie lui en fit une habitude.
Lorsqu’elle revint de cet état, elle trouva néanmoins que M. de Nemours
n’était pas effacé de son cœur ; mais elle appela à son secours, pour se
défendre contre lui, toutes les raisons qu’elle croyait avoir pour ne
l’épouser jamais.
: La Princesse de Clèves - Madame de Lafayette
Anne, Claire, JF, Claudine à Sainte-Colombe - 1990
Candice, Anne, Daphnée et JF - Atelier d'Ivry - Février 2009
Bob - Expo Anne Cheriez aux Beaux-arts de Paris - 2006
Charles, Alix, Yves, Bob - 1927
Bob raconte : "Je voyais très peu Yves, il n’y avait
pas de communication entre nous deux, il m’appelait « poussière de lentilles ».
À l’époque, on achetait les lentilles au poids chez le grainetier.
Il fallait les trier pour enlever les petits cailloux.
Une fois triées, il restait sur le papier de la poussière : c’était ça mon nom.
Autant dire que nos relations n’avaient pas grand chose de fraternel."
Yves Cheriez devant son école à Detroit - 1929
Bob Cheriez, rue Léon Dierx à Paris - 1935
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